Pourquoi aujourd’hui revenir sur la crise islandaise ?
Ce petit pays n’est plus guère sous les feux de l’actualité. Certes il a connu une crise bancaire et financière spectaculaire qui a conduit l’Etat et le pays entier au bord de la faillite. De plus, s’ils sont importants, les montants des dettes en jeu (quelques dizaines de milliards d’euros) ne sont pas susceptibles de perturber gravement les équilibres financiers internationaux. Enfin aux dernières nouvelles, les choses là-bas vont mieux : baisse de l’inflation, reprise de la croissance, baisse du chômage…
Alors donc : pourquoi y revenir ? Pour trois raisons au moins, pensons-nous.
La principale est que si la crise islandaise est par bien des aspects la « soeur jumelle » de la crise irlandaise, elle s’en distingue par plusieurs traits, dont le plus saillant est que d’emblée, sitôt la crise bancaire installée, l’Islande s’est engagée dans une direction originale, visant à faire payer l’essentiel de la dette bancaire par les créanciers eux-mêmes.
Après de longues négociations et tractations et une mise à jour expresse des lois sur les faillites, il s’est passé rien moins que ceci : l’essentiel de la dette bancaire islandaise est restée une dette bancaire privée. Les banques débitrices ayant fait défaut, ce sont les créanciers (et notamment les créanciers constitués pour l’essentiel d’investisseurs institutionnels non résidents) qui vont assumer ce défaut.
Last but not least, le projet de compromis établi sur la partie de la dette pour laquelle l’Etat islandais s’est trouvé contraint d’apporter sa garantie a été finalement rejeté, à l’occasion d’un référendum exigé par une pétition gigantesque rassemblant presque 1/3 des électeurs de l’île. L’organisation de ce référendum, qui venait couronner une mobilisation tenace du peuple islandais, a contraint ses gouvernants, (et derrière eux l’UE et le FMI qui agissaient en coulisse), à revenir sur les accords initiaux. Finalement le référendum a permis d’obtenir un fort report et étalement du paiement de la dette ainsi que des taux d’intérêt bien plus bas que ceux initialement prévus.