Les Islandais viennent de refuser de payer pour la faillite des banques : ils ont dit “non” le samedi 9 avril par référendum, comme il l’avaient fait en mars 2010. Ce ” non” a été soutenu par de nombreuses organisations de la société civile, dont Attac Islande. Non au remboursement de 3,9 milliards d’euros (soit 12 000 euros par habitant islandais, hors intérêts !) au Royaume-Uni et aux Pays-Bas : ces deux pays exigent de l’Islande qu’elle rembourse les sommes qu’ils ont dépensées pour dédommager les clients affectés par la faillite de la banque privée islandaise Icesave.
L’Islande était un modèle pour le néolibéralisme. Mais en 2008, en pleine crise économique, son système bancaire s’écroulait et, avec lui, la banque en ligne Icesave. Celle-ci avait pris tous les risques pour attirer des clients britanniques et néerlandais appâtés par une rémunération mirobolante de leurs dépôts. Les contribuables islandais, qui n’ont guère vu la couleur des profits financiers au doux temps de l’euphorie, doivent-ils à présent payer l’addition pour les errements du système bancaire privé ? En Irlande le gouvernement, sans consulter la population, a entrepris de lui faire payer la faillite des banques irlandaises. Mais les Islandais montrent qu’une autre voie est possible : celle où les spéculateurs imprudents doivent assumer leurs pertes.
Le Royaume-Uni et les Pays-Bas menacent l’Islande de procès, avec l’appui du Fonds monétaire international et de l’Union européenne. Ils menacent d’isoler le pays et de refuser son entrée dans l’Union. Leur obsession: préserver les intérêts de l’industrie financière européenne et conforter son image aux yeux des agences de notation. Au contraire, la France et les autres pays européens devraient exiger que cesse ce harcèlement. La solidarité la plus large doit s’exprimer, pour que la démocratie soit respectée.
Les Islandais envoient un message fort aux peuples européens : avec les Britanniques ou encore les Portugais qui manifestent de plus en plus massivement, ils disent que les citoyens n’ont pas à payer une crise et des dettes publiques provoquées par la finance. Avec son “Pacte pour l’euro”, l’Union européenne et ses gouvernements veulent généraliser les plans d’austérité. Les Attac d’Europe s’y opposeront en exigeant que la finance paye, qu’elle soit désarmée notamment par une taxation sur les transactions financières, et que les dettes publiques soient restructurées et partiellement annulées.